Et 10 ans après j’ai tourné la page…

Il y a des décisions qu’on prend et qui nous semblent irréversibles. Et puis on change…

Je ne suis pas quelqu’un de rancunier, je suis plutôt gentille – certaines personnes te diront même que je le suis trop et que je me fais bouffer, je ne jalouse ni n’envie les autres – quelle perte de temps et en plus ça rend malheureux, trop peu pour moi ! En fait je vis ma vie comme je le peux, j’essaie d’avancer seule ou entourée de ma famille et des quelques ami(e)s que j’ai, les VRAIS. Je suis plutôt indépendante et solitaire, j’ai du mal à faire vraiment confiance et à baisser ma garde mais quand ce moment arrive je suis tellement entière que je donne tout, peut être trop ? Je n’ai pas toujours été comme ça.

amitié

Il y a 15 ans j’étais plutôt comme un petit oiseau blessé en quête de réconfort. Je ne croyais plus en l’humain et n’attendais qu’un geste de la part de quelqu’un, même inconnu. Je sortais du collège qui m’avait fragilisée, je trouvais que tout le monde était con et méchant et je ne faisais confiance à personne. J’étais aigrie, acariâtre et ça me rendait méchante. Du haut de mes 14 ans j’avais une bien mauvaise opinion de ce monde qui s’offrait à moi et dans lequel il allait falloir grandir, évoluer et s’épanouir. Puis le 1er jour de lycée IL est arrivé. J’ai d’abord essayé de le tenir à distance, je ne voulais pas être encore déçue. Mais il a su s’imposer et m’apprivoiser. Il est devenu mon meilleur ami, mon complice, mon confident. J’avais une confiance aveugle en lui et lui ai tout donné. Je lui aurais d’ailleurs donné bien plus s’il l’avait demandé. Nous avons été si proches qu’à la fac nous avons co-habité ensemble pendant un peu plus de deux ans. Nous nous voyions tous les jours, même le week end. Ses amis étaient les miens, nous partagions tellement de choses que ça aurait du me mettre la puce à l’oreille, ça ne pouvait pas durer. Avec le recul que j’ai aujourd’hui je sais que notre relation était malsaine, trop ambiguë, trop exclusive. Mais à ce moment là j’avais des œillères.

La fac terminée nous avons tous les deux trouvé un boulot, lui à Paris, moi en banlieue. Nous avons arrêté la collocation mais avons pris une location pas très loin l’un de chez l’autre pour ne pas être séparés. Nous n’avions plus l’habitude de ne pas nous voir tous les jours, c’était indispensable, pour moi. Et pour lui aussi, en tout cas c’est ce que je croyais.

Plusieurs personnes ont essayé de m’alerter, on m’a dit que je lui donnais trop, qu’il comptait trop. Je ne comprenais pas, je lui donnais oui, mais c’était ce dont j’avais envie, c’était mon meilleur ami, mon tout (et rien qu’avec cette phrase j’ai résumé bien des choses sur la réalité de ce qu’il était pour moi). J’imaginais que les autres étaient jaloux de notre relation d’amitié extra forte, personne ne pouvait comprendre de toute façon !

Puis un soir en rentrant du boulot j’avais envie de discuter, je suis sortie du train et ai filé chez lui, il m’attendait, nous avons parlé de banalités comme toutes les autres fois. Nous nous sommes dit que nous nous aimions fort, comme tous les jours. Et je suis partie pour rejoindre mon appartement miteux, situé à quelques stations de métro, dans une rue étroite, noire et sinistre. Ce soir là j’avais un mauvais pressentiment. J’ai hâté le pas sur le trottoir. Puis j’ai entendu un bruit de pas pressants derrière moi. J’ai marché encore plus vite. Mais le bruit se rapprochait et j’ai fini par entendre une respiration haletante. J’ai commencé à courir et j’ai entendu que la personne derrière moi courait aussi. Je ne voulais pas me retourner et arrivant près de l’immeuble mille questions me sont venues en tête. La porte s’ouvrant sans code, l’étage à monter, ma serrure difficile à déverrouiller. Il fallait que je sache si oui ou non il risquait de m’arriver quelque chose, si oui ou non cette personne derrière moi me suivait, moi. J’ai risqué un bref coup d’oeil et j’ai vu quelque chose de répugnant et d’effrayant. La personne derrière moi était un homme avec le pantalon baissé en train de se tripoter. Alors j’ai compris que si une fois dans ma vie il fallait que je coure le plus vite possible pour avoir une chance d’échapper à je ne sais quelle saloperie genre viol et peut être même pire, c’était à ce moment là. J’ai pris ma respiration, ai poussé violemment la lourde porte de l’immeuble, j’ai monté les marches 4 à 4 en criant, et j’ai eu beaucoup de chance parce que ma clé est rentrée toute seule dans la serrure et que celle-ci s’est ouverte du 1er coup. J’ai refermé ma porte sur sa tête puis je suis tombée au sol en pleurant de peur. Ce soir là, j’ai surement réussi à échapper à quelque chose de grave.

Il s’était passé à peine 30 min depuis que j’avais quitté l’appartement de mon meilleur ami alors je l’ai appelé, complètement hystérique et paniquée. Je ne connaissais que lui dans cette ville et j’avais plus que jamais besoin qu’il me réconforte après cet épisode de fou. J’ai laissé un premier message, en pleurs. Puis un 2ème, puis une dizaine. Il ne m’a jamais rappelée ce soir là. Je crois que j’ai réussi à le joindre deux jours après, encore sous le choc je lui ai raconté et sa réponse, son détachement, son air de « j’en ai rien à foutre » m’ont glacé le sang. Il a prononcé une phrase que je n’aurais jamais cru entendre de sa bouche : « Si tu n’avais pas été habillée comme une pute, ça ne te serait pas arrivé ! ». Le problème n’est pas dans ce que je portais mais je ne pense pas qu’une jupe longue, des bottes, un pull en laine avec un chemisier et manteau soit l’habit type d’une pute. Quand je l’ai entendu prononcer ces mots nos 8 années d’amitié ont défilé et là je me suis rendue compte que les autres avaient raison. Je l’aimais tellement que je ne m’étais pas rendu compte que cette amitié finalement n’était pas réciproque, ou pas aussi forte, ou qu’elle ne représentait et ne signifiait pas la même chose pour lui que pour moi. J’ai eu l’impression d’avoir été manipulée pendant 8 ans. J’ai coupé les ponts du jour au lendemain, avec lui et tous nos amis communs et me suis jurée de ne plus jamais lui parler. J’ai même fini par partir à 1000 km pour être sure de ne jamais le recroiser. J’en ai été très malheureuse pendant des mois. Cette histoire m’a tellement blessée que j’ai mis plus de 8 ans à accorder de nouveau mon amitié à quelqu’un.

Pendant ce temps il a continué à m’écrire des lettres chez mes parents, lettres que je ne lisais pas. Il a continué à me souhaiter mon anniversaire. Puis il a réussi à me retrouver sur facebook et il a lu mon blog. Il m’a recontactée un jour via le formulaire de contact. Je ne lui répondais pas. Et puis un jour il a vécu quelque chose qui m’a rendue triste, je lui ai envoyé juste un mot de soutien parce que quand même je n’aime pas voir les gens souffrir. Il en a profité pour me raconter sa vie. J’ai pris du temps pour lui répondre, savoir si j’en avais envie. A force de réfléchir je me suis dit que je voulais pas restée comme une idiote et je lui ai répondu. Apparemment ça lui a fait plaisir. Je lui ai dit ce que j’avais sur le cœur, ce qui me pesait lourd depuis 10 ans et j’ai décidé de tourner la page, comme dans Bridget Jones. Notre relation ne sera plus jamais comme avant. Je pardonne pour avancer et pour qu’il puisse lui aussi avancer puis-qu’apparemment je lui ai manqué mais je n’oublie pas. Je n’oublierai jamais.

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Cet article a 2 commentaires

  1. Djahann

    Je crois qu’à ta place, je n’aurais pas répondu. Parce qu’encore une fois, c’est lui qui « gagne ».
    J’ai eu une histoire d’amitié très forte avec un ami qui m’a déçue. Ce n’était qu’un pervers narcissique, qui ramenait toujours tout à lui. J’ai pardonné une première fois, mais à la seconde, c’en était trop j’ai coupé les ponts. Il a longtemps essayé de revenir vers moi, de m’amadouer, etc…. je n’ai pas cédé. Il avait juste besoin de se rendre important auprès de moi, ce n’était qu’une question d’égo.
    C’est toujours dur ce genre d’histoire

  2. soso27110

    j’imagine aisément la peur que tu as dû ressentir ce soir là. pas facile de vivre normalement après ça. après pour ce qui est de l’amitié (comme de l’amour) on ne peut pas juger. tu sentais qu’il était temps de passer à autre chose, c’est que c’était le moment. mais comme tu dis les choses ne seront plus pareil!! quelque chose est cassé.je te souhaite de passer de bonnes fêtes de fin d’année. bizzz

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