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Comment le harcèlement scolaire peut anéantir une vie

Je me suis longtemps demandé « pourquoi moi ? », « qu’ai-je fait ? ». En effet, j’ai été harcelée au collège, puis au lycée et enfin au travail. A des degrés différents, sous des formes différentes aussi, mais toutes aussi destructrices les unes que les autres. Sur une période de 13 ans, si on cumule ça a duré 3 ans et demi, presque 4 ans. 4 ans de ma vie gâchés, 4 ans où j’ai perdu progressivement toute confiance en moi, déjà que je n’en avais pas des masses, et où je me suis détestée, au moins autant qu’eux me détestaient. Le harcèlement scolaire, que j’ai connu bien trop longtemps, puis le harcèlement moral au travail, sont réellement des faits d’une extrême violence psychologique et destructeurs.

Comment se manifeste le harcèlement scolaire ?

Il y a quelques jours c’était la journée nationale de lutte contre le harcèlement scolaire. Depuis un très long moment je souhaitais apporter mon témoignage d’ancienne adolescente harcelée, plusieurs fois à des périodes différentes de ma scolarité. L’écrire de cette façon me fait prendre conscience que c’est absolument fou, déjà que ça ait pu m’arriver une fois, mais encore pire puisque ça s’est reproduit quelques années plus tard…

Au collège

Pour ma part, tout a commencé en classe de 6ème. Je ne connaissais pas grand monde et étais donc souvent seule. J’étais timide et j’avais déjà un passif de moqueries envers moi (petite, grosse, avec de l’acnée et un appareil dentaire, je n’en dis pas plus).

Dans ma classe, quasiment dès les 1ers jours, un groupe de 3-4 garçons a commencé à m’insulter. Des insultes à leur niveau « grosse vache », « calculatrice »,… mais quand on a à peine 11 ans, ça fait très mal ! D’autant plus quand c’est répété à longueur de journée. Tous les jours, à tous les cours, à la cantine, dans la cour, au gymnase,… partout, tout le temps.

Comme je ne répondais pas parce que j’avais très peur d’eux, ils se sont dit qu’ils pouvaient aller encore plus loin. Et ils ont commencé à me frapper, à me menacer. Si j’en parlais j’étais morte. Ils « me saigneraient à l’arrêt de bus ou dans les vestiaires du gymnase ». Tous les jours j’avais de nouveaux bleus sur le corps et des idées toujours plus noires dans la tête.

Rien n’y faisait, ni les mots de mes parents, ni les convocations chez la Principale du collège, ni les heures de colles. Mon enfer a duré des mois. Interminable ! Je n’en finissais pas de pleurer, de me demander ce que j’avais bien pu faire pour mériter ça. Ils devaient avoir raison, je ne servais à rien ! Je n’étais même pas capable de leur tenir tête et de leur faire arrêter ce cauchemar. J’avais envie d’en finir avec moi à défaut de réussir à en finir avec eux.

Et puis un nouvel élève est arrivé dans la classe. Nous prenions le bus ensemble, on discutait un peu. Je l’aidais pour ses devoirs, en cachette. Et lui m’a sauvée, il n’y a pas d’autre mot. Il connaissait quasiment tous ceux de la classe depuis l’école primaire, il était populaire. Puis il a trouvé les mots pour leur faire arrêter ce massacre. Il m’a fait rebondir quand je touchais le fond.

Un autre épisode, mais « moins violent » a eu lieu quand j’étais en 3ème. Suffisamment violent quand même pour me rappeler quelle merde j’étais et que je ferais mieux de crever que de subir tout ça à nouveau. J’ai avalé des cachets en cours de maths, plus pour appeler à l’aide que pour réellement en finir. Suite à ça, mon dos s’est bloqué du jour au lendemain, je pense que mon corps a parlé lui aussi et je ne suis pas retournée en cours le dernier mois avant le brevet.

Harcèlement scolaire

Au lycée

J’étais contente de changer d’établissement et de ville. Je voyais plus grand, mais je ne connaissais toujours pas grand monde. J’avoue que j’avais un peu peur que le schémas se reproduise encore.

L’année de 2nde a été particulièrement tranquille, sympatique même. J’avais perdu du poids et avais un « meilleur ami ». Puis je me suis orientée en filière scientifique. Je pensais naïvement que je pourrais vivre le reste de ma scolarité tranquillement.

Et puis 2 redoublants se sont retrouvés un jour derrière moi en cours de maths, avec un cutter. Ce jour là ils ont commencé à me menacer. Et comme j’avais peur, je n’ai pas osé en parler. Ils en ont profité pour s’amuser à me torturer. Je pense qu’ils trouvaient ça vraiment amusant. Ils me coupaient des mèches de cheveux pendant les cours, gravaient des trucs dans le dossier de ma chaise. Faisaient des trous dans mes vêtements, me coupaient légèrement. Et puis les mêmes menaces que j’avais déjà entendues : si tu parles on te saigne comme une truie. Dans les couloirs ils me faisaient signe qu’ils allaient m’égorger.

Ce nouvel harcèlement scolaire a duré quelques semaines, peut être quelques mois et puis ils se sont lassés. Heureusement !

Et après ?

J’ai essayé très fort de me (re)construire, d’oublier. Mais on n’oublie pas, c’est impossible !

Les dégâts psychologiques étaient déjà faits. Le harcèlement scolaire peut anéantir une vie ! La mise plus bas que terre d’une personne laisse des séquelles à vie ! Surtout quand elles sont ancrées dès l’adolescence, période où on se construit en tant que personne et futur adulte. Pendant longtemps j’ai pensé qu’effectivement je ne servais à rien (surtout que mon gentil 1er patron s’est fait plaisir en me le rappelant tous les jours lui aussi), que j’étais moche dehors et dedans. Que je ferais mieux de mourir au lieu d’infliger ma présence aux autres.

Heureusement, je ne suis jamais vraiment passée à l’acte. Mais malheureusement beaucoup trop de personnes, enfants, ado, adultes sautent le pas et décident de quitter ce monde devenu trop dur à supporter pour eux.

Quand j’ai rencontré mon mari, j’étais un petit oiseau blessé. Je n’avais plus confiance en personne et encore moins en moi ! J’étais devenue un robot, l’ombre de moi-même. Pendant des mois j’ai cru qu’il se moquait de moi. Comment pouvait-il m’aimer alors que je ne m’aimais pas moi-même ?! Comment pouvait-il me trouver jolie alors qu’on m’avait tant répété que j’étais affreuse ?! Et puis, comment pouvait-il s’intéresser à moi alors que je faisais tout pour être la plus inintéressante possible, pour ne pas qu’on me remarque, de peur que l’horreur recommence ? Encore aujourd’hui, j’ai énormément de mal à accorder ma confiance à quelqu’un.

Le harcèlement, scolaire ou non, n’est plus un tabou, il faut oser en parler !

Ma crainte ? Que mes enfants subissent ça à leur tour. Alors quand Romain a reçu un texto très violent il y a quelques jours, j’ai eu peur ! Mais ça ne lui arrivera pas, car il a beaucoup de force de caractère, beaucoup plus que moi à son âge. Il a aussi beaucoup de confiance en lui car nous lui en rajoutons des doses aussi souvent que nécessaire. Et puis, il m’a moi et je me battrais pour qu’il ne vive pas ne serait-ce qu’une minute de ce que j’ai subi.

Si vous êtes victime ou témoin de harcèlement, il FAUT OSER en parler, appeler à l’aide. Il faut faire cesser ce harcèlement le plus rapidement possible. Montrer à vos agresseurs que vous n’êtes pas une personne faible ! Parce que leur cible c’est ça ! Ils recherchent la faiblesse des gens et s’engouffrent dans la brèche. Une fois qu’ils sont entrés, c’est très difficile de les faire arrêter.

De nombreux enfants/adolescents/jeunes adultes tentent de se suicider parce qu’ils sont harcelés, soit au sein de leurs établissements scolaires, soit sur les réseaux sociaux (cyber-harcèlement). Il faut que cela cesse !!!

Un numéro de téléphone est dédié : NON AU HARCELEMENT au 3020, plus d’infos sur la page officielle.

Vous avez déjà été victime ou témoin de harcèlement scolaire ?

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