J’ai fait ce choix, il y a maintenant 3 ans et demi, d’arrêter mon travail et de rester à la maison. Je suis ravie de pouvoir m’occuper de mon Poussin et de le voir grandir. J’aimerais savoir comment ça se passe pour vous qui êtes aussi des Mamans à la maison que ce soit par choix, ou pas. Que ça vous plaise, ou non. Que vous souhaitiez le rester, ou que vous envisagiez de reprendre le chemin du travail, …
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Aujourd’hui c’est Stephix qui souhaite partager son expérience de maman à la maison avec nous.
Coucou ! Et merci de permettre aux mamans de s’exprimer sur ce sujet qui, me semble-t-il , est un gros tabou en France.
Pour ma part, j’ai fait des études à l’étranger, en Italie. J’ai eu une vie sociale plus qu’épanouie. Elle fut très enrichissante à vrai dire. Des rencontres de personnes du monde entier, une ouverture extraordinaire sur d’autres cultures, tout en partageant des valeurs communes. Je suis catholique et dans ma fac c’était la grande majorité donc quelle que soit notre culture et notre origine, on avait ça en commun, et on se sentait en famille ensemble. A mon retour en France, j’ai trouvé un job qui ne correspondait pas directement avec mes études, mais j’avais besoin d’argent. J’allais me fiancer, avec des projets de mariage à court terme, donc j’ai foncé. Deux ans d’apprentissage de la vraie vie ! J’ai eu du mal à atterrir de cette façon tellement la vie était différente de ma vie d’étudiante ouverte sur le monde. Là il fallait trimer, en région parisienne en plus, donc bonjour la froideur de l’accueil. L’indifférence des gens et j’en passe. Je m’y suis faite. J’avais surtout de beaux projets devant moi donc ça m’aidait à tenir. Après mon mariage, notre première est arrivée assez rapidement, c’était tout à fait voulu et attendu. On ne pouvait pas concevoir que notre foyer sois vide. Encore un peu sur mon nuage de ma vie d’avant, un peu jeune et inconsciente des réalités administratives françaises, loin de ce moule imposé par la société, je n’avais pas vraiment envisagé quoi que ce soit concernant ma maternité, l’après, le retour au travail, tout ça. Avec ma philosophie de vivre l’instant présent, ça ne collait pas. Je voulais d’abord voir ce que ça faisait d’avoir un enfant, d’être maman, avant de décider quoique ce soit de ma vie professionnelle ! quand je suis arrivée à mon 8ème mois de grossesse, j’ai quand même réalisé que ça allait être dur financièrement si je ne reprenais pas le travail…mais…comment abandonner ma fille à quelqu’un d’autre ??? Ce n’était juste pas possible ! J’ai donc quand même fait les démarches pour la crèche, et là je me suis fait lyncher. Quoi ? vous ne vous y prenez que maintenant ? Quelle inconscience ! Il y’a trois ans de liste d’attente avant vous ! Mais qu’est-ce que vous croyez ! Et quel est votre projet professionnel ? plein temps ? mi-temps ? Moi je partais sur un mi-temps mais sans en savoir plus au niveau horaire ou jours. J’ai donc été traitée d’irresponsable car je n’avais pas de réponses à ces questions. J’ai laissé tomber cette stupidité de retour à la vie pro, et je me suis dit que j’allais profiter des 6 mois de congé parental. Peu avant la fin de ce congé, nous avons fait nos calculs, et il nous manquait juste 120 euros pour boucler les mois si je retournais pas travailler. Je pleurais comme une madeleine car ce n’était pas une grosse somme, et pourtant nous avions rogné sur tous les budgets pour pouvoir tenir. Je ne voulais pas laisser ma fille, et en plus sincèrement je n’avais trouvé aucune nounou dans un rayon de 10 km autours de mon lieu de travail. J’étais profondément désespérée à l’idée de devoir abandonner ma fille parce qu’il me manquait juste 120 euros pour finir le mois. J’étais prête à manger des patates tous les jours, à trainer mes guenilles, à faire la manche, pour dire de ne pas abandonner ma fille. C’est alors qu’un éclair de génie nous traversa l’esprit. Il suffisait de solder un petit prêt en cours avec tout ce que nous avions économisé avant, et nos 120 euros, pile poil, seraient de nouveau dans notre escarcelle.
Fin de mes tracas, fin de mes nausées liées au stress et à l’angoisse. Quel bonheur ! J’étais sur un nuage ! J’allais pouvoir m’occuper entièrement de ma fille, la voir grandir, être son éducatrice, sa référente, sa maman plein d’amour pour elle, et personne ne me volerait ces précieux instants.
Mais vivre avec un bébé, seule toute la journée, dans un logement de nain, même avec la joie du jardin…ça a été rude. Pas d’amies dans le coin, nouvelle arrivée en plus, donc ma vie sociale se résumait à FB, et mes potes au téléphone ou par mail. Facebook m’a un peu sauvé de la folie ! Je ne connaissais rien du monde de la blogosphère. Malheureusement.
Mes meilleures amies étant des célibataires endurcies, elles avaient du mal à gérer le fait que je sois mariée, et rapidement aussi maman. Sans couper les ponts, la vie a fait que nous nous sommes un peu éloignées.
Solitude solitude solitude.
J’ai même fini tout simplement par faire une dépression. Une vraie, pas juste une déprime. J’ai même du prendre des médocs pour ça, et ça me faisait mal au cœur d’en arriver à devoir me « droguer » pour vivre normalement. Ça craignait. Et ma fille ? Je ne voulais pas qu’elle sente mon malaise. Je me suis battue pour elle, pour rester une maman gaie et joyeuse, et au bout de deux mois de traitement, j’ai arrêté net. J’ai décidé d’être heureuse de ce que j’avais, et d’arrêter de me morfondre sur ce qui n’allait pas. La cure de volonté fut efficace, et avec mon moral d’acier, j’ai poursuivi ma vie de maman au foyer dans la joie. J’ai résisté une nouvelle fois aux conseils des autres qui me disaient de reprendre un boulot pour aller mieux.
Ma fille grandissant, cela devenait fort agréable de passer du temps avec elle, de sortir au parc, de l’aider dans ses premiers pas, de lui concocter de bonnes petite purées maison.
J’ai appris à valoriser ces moments, et à mettre de côté les soucis financiers. On était pauvres, mais heureux de notre choix. Mon mari me soutenant bien sûr à 100%. Pour lui, c’était, et c’est toujours, le bonheur de rentrer le soir du boulot et de trouver sa petite famille zen et détendue. Ça lui fait du bien, ça nous fait du bien, nous sommes dans notre petite bulle de bonheur !
Je passe le déménagement, une vie matérielle un peu plus confortable qu’avant. Entre temps mon mari avait été augmenté, et nous n’étions plus à compter nos centimes à la fin du mois. Combien de fois avons-nous vu : 150€ sur le compte pour finir le mois, alors que nous n’en étions qu’à la moitié du mois, et qu’il nous restait encore des courses à faire. Pendant un an nous n’avons pas pu mettre un euro de côté, l’insécurité totale, et nous devions même régulièrement taper dans nos réserves qui fondaient à vue d’œil. Nous nous privions de tous loisirs, et même parfois de choses essentielles. Faire l’aumône dans nos familles, ce n’était pas forcément possible.
Mais voilà, un choix est un choix, et nous devions assumer entièrement cet aspect-là.
Puis BB2 est arrivé. Beaucoup de joie ! C’était aussi la fin des tracas car, en nous battant longuement avec la CAF, nous avons réussi à obtenir des allocations enfin dignes de ce nom ! Il aura fallu attendre BB2 pour respirer financièrement (attention je précise que ce n’est pas un bb alloc, nous l’avons longuement désiré !)
Avec un deuxième enfant, la vie est plus mouvementée. Je n’ai jamais plus ressenti cette solitude qui m’avait longtemps pesé. On est tellement occupée, entre les couches, les repas, les sorties, la grande qui a soif d’apprendre et puis entre temps j’ai découvert le monde merveilleux des blogs ! Qu’est-ce que ça m’a fait du bien aussi ! Ma vie sociale réelle n’ayant pas grandi des masses (bon sauf si on compte les personnes âgées et les mamans d’ados, dans ce cas on peut dire que mon réseau ici s’est agrandi…mais bon…moi je cherche surtout des mamans d’enfants en bas âge comme moi !) j’ai commencé à rencontrer d’autres mamans sur le net. J’en ai même rencontré une, pas très loin de chez moi grâce à un site de rencontres de mamans « http://www.monclubdemamans.com/ » . Les choses évoluent petit à petit. La grande va rentrer à l’école en septembre et je sais que je pourrai rencontrer du monde. J’ai trouvé un groupe aussi de femmes au foyers actives (les FAFA’s) à quelques kms de chez moi et je compte bien m’y rendre de temps en temps. On peut y aller avec ses enfants, chose impossible normalement pour les activités extérieures. Sans halte garderie, sans crèche, sans bbsitter, il est impossible de s’octroyer une activité quelconque. Ce groupe permet de rencontrer d’autres mamans, les enfants jouent ensemble, et pendant ce temps là, l’une ou l’autre dirige une activité comme réaliser des chapeaux, des recettes, ou pourquoi pas écouter un topo sur un thème choisi en début d’année.
J’ai commencé à rédiger un blog, puis deux, puis trois, puis maintenant le quatrième. Je me suis découvert une passion pour l’écriture et pour le web, et j’aime lire les articles des blogueuses, surtout les mamans qui racontent leur quotidien. On s’y retrouve tellement, c’est une vraie aire de décompression, et virtuelle ou pas, elle existe bien, ces mamans existent bien, c’est ça qui compte.
Ma fille n’est pas collée à moi contrairement à tout ce que j’ai pu entendre dire, à commencer par ma pédiatre. Un enfant qui a sa maman entièrement pour lui ne colle pas sa mère, justement parce qu’il est déjà rassuré, il sait qu’elle ne partira pas, du coup il fait sa vie tranquillement. C’est la peur de voir partir sa maman qui fait qu’il devient pot de colle. Ma puce a hâte de rentrer à l’école, elle adore jouer avec les enfants. Elle les colle même, ce qui ne leur plait pas car ils sont habitués depuis tous petits à se battre et se défendre pour survivre toute la journée à la crèche. Quand je la vois, loin de leur réalité, les coller pour leur faire des câlins et des bisous, et comme ils la repoussent…ça me fait qqchose. Pour eux surtout. Je me dis qu’ils ont appris à se défendre depuis bébé, mais pas à aimer et se laisser aimer. Ils sont sur la défensive. Enfin, ça c’est un constat personnel, je suis sûre que quelqu’un viendra me dire que je me trompe. Ceux qui ont été en nounous sont déjà moins sur la défensive je trouve.
Mon fils grandit sagement, il bénéficie de la même disponibilité de ma part. Je ne pense pas reprendre le boulot avant longtemps. Sûrement quand ils seront tous grandets (si je peux en avoir encore deux autres je serais heureuse), scolarisés, alors là oui je pense retourner bosser, car je ne peux pas négliger l’aspect financier. Un jour il faudra leur payer leurs études, et puis il faut cotiser pour notre retraite.
Rester à la maison, c’est très mal perçu. Si certains vous encouragent et vous disent que vous avez de la chance, ou que vos enfants ont de la chance, d’autres vous font remarquer que vous ne foutez rien (et ça vient parfois du mari, alors là ça fait plus mal…), ou que vous êtes inconsciente par ce que vous ne pensez pas au futur. Mais si, mais si, j’y pense, mais je dirais qu’en tant que Chrétienne, j’ai déjà expérimenté plein de fois ce qu’on appelle la Providence. Ces choses qui tombent du ciel au moment où il le faut et qui nous permettent de continuer à avancer dignement. Comme si qq1 veillait sur nous là haut et nous disait de lui faire confiance, que tout ira bien, de ne surtout pas nous prendre la tête avec ces question matérielles, que le plus important c’est de donner tout notre amour à nos enfants, les éduquer comme il faut, pour être des adultes forts et sains pour plus tard. Et le reste suivra !
Voilà mon expérience. Je néglige sûrement plein d’autres aspects, mais j’ai écrit ce qui avait été le plus dur ou le plus fort pour moi. Si vous avez des questions n’hésitez pas. Merci !
Stéphanie alias Stephix ou Stephix83.
Mes blogs :
http://cathyconseil.blogspot.com (famille, couples, astuces, conseils, trouvailles, humour)
http://mapopotteamoi.blogspot.com (cuisine, essais culinaires, tests produits)
http://arlettecarrere.blogspot.com (mise en page des poèmes de ma grand-mère, toujours active)
http://vitrinestephix.blogspot.com (une sélection de fringues pour enfants classés par catégorie du plus cher au moins cher, goûts persos)
Je tiens aussi un groupe privé sur FB pour aider les mamans à trouver des bons plans pour payer les vêtements d’enfants moins chers : « bons plans vêtements »
Et une page FB qui regroupe tous mes blogs pour une meilleure visibilité : « les blogs de stephix »
Voilà, une maman au foyer active ! Je préfère ça que trainer devant la télé en robe de chambre, les bigoudis dans les cheveux, devant la télé ! ah le vieux cliché !!! 🙂
Merci beaucoup pour ton témoignage !!
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Parce que je trouve que tous les avis et expériences sont enrichissants, j’aimerais recueillir vos témoignages si vous êtes, vous aussi une « Maman au foyer ». Si ça vous intéresse de partager avec nous, vous pouvez m’envoyer un mail à maman.poussinou@hotmail.fr
C’était mon dernier témoignage de Mamans à la maison… Si vous voulez participer à cette rubrique n’hésitez surtout pas !!
Merci de nous avoir permis de connaître un peu mieux Stephix. Et merci à toi, Stephix, de t’être livrée ainsi !
super témoignage dans lequel je reconnais bcp de mon vécu ! Ca me fait plaisir de lire aussi que ta fille est « collée » aux autres, car ma fille aînée est exactement pareil ! Je pense comme toi que cela vient du fait qu’elles ont été câlinée (dans le bon sens du terme) et ont conservé une certaine naïveté dans leurs rapports avec les autres. A nous de les faire sortir de leur bulle car la vie n’est pas toujours tendre et l’école est (malheureusement ?) aussi là pour le leur montrer…