You are currently viewing Toi, le frère (ou la sœur) que je n’ai jamais eu

Toi, le frère (ou la sœur) que je n’ai jamais eu

Je suis fille unique. Je n’ai ni grand frère, ni grande sœur, ni petit frère, ni petite sœur. Ça m’a souvent pesé, ça m’a souvent manqué. Ça me pèse et me manque encore.

Pourtant j’ai souvent demandé à mes parents qu’ils me « fassent un bébé », c’était même le 1er cadeau que je mettais sur ma liste au Père Noël.

Souvent je faisais des plans sur la comète, j’imaginais ce petit bébé que je pourrais protéger et aimer, telle une super grande sœur. Je me voyais jouer avec et lui prêter mes poupées si c’était une fille, ou apprendre à jouer aux voitures si c’était un garçon. Je lui parlais même parfois, lui demandant de bien vouloir s’installer dans le ventre de Maman.

frere-et-soeur-mangent-10613481xyllm_1933

Puis j’ai grandi et le manque s’est de plus en plus fait sentir. Je pense que cette solitude due à la région, au fait que j’avais peu de copines et que je ne les voyais pas en dehors de la classe parce que j’habitais trop loin, n’y est pas pour rien.

Bref, ce petit frère ou cette petite sœur, j’ai eu le temps de l’idéaliser, de l’imaginer, de le rêver,… Mais il n’est jamais arrivé.

Mes parents me répondaient qu’ils n’en avaient pas envie, qu’ils n’avaient pas les moyens ou encore qu’on était bien tous les 3 (et on l’était). Si j’avais su que c’était bien plus profond que ça… Si j’avais su qu’à chaque fois, à chaque demande, je rouvrais une plaie encore douloureuse, je me serais abstenue !

Il y a 2 ans, j’ai appris qu’il y avait un secret derrière tout ça. Un petit secret de famille comme tant d’autre mais qu’on imagine pas qu’il pourrait concerner SA famille.

Il y a donc très peu de temps, alors que nous discutions avec ma Maman, j’ai entendu sa voix changer de ton. Je n’ai pas osé la regarder, comme si je savais inconsciemment qu’elle allait me dire quelque chose d’important. Quelque chose qui l’avait bouleversée et qui allait me bouleverser à mon tour. Quelque chose qui a changé le cours de leur vie, le cours de notre vie il y a environ 28 ans.

J’avais 1 an et demi – 2 ans quand ma Maman est tombée enceinte de mon petit frère ou petite sœur. Avec mon Papa ils étaient heureux, comme on peut l’être quand on apprend une grossesse désirée.

Puis à quelques mois de grossesse, ma Maman a attrapé la rubéole. Les risques pour ce bébé ont été vérifiés et le cœur serré ils ont été obligés d’interrompre cette grossesse. Un véritable déchirement.

Personne n’a été au courant de cette histoire, personne jusqu’à moi 28 ans plus tard. Ce jour là, ils ont décidé que JAMAIS ils n’en (re)parleraient, pas même entre eux tellement ça avait été douloureux. Que jamais plus ils ne risqueraient de revivre un tel chagrin. Et que donc, nous resterions 3.

Si j’avais su qu’à chaque fois que j’en parlais je remuais autant de douleur, de souffrance dans leurs cœurs, jamais je ne me serais montrée aussi égoïste.

De connaître ce secret, leur secret même si mon Papa ne sait pas que je sais, ça m’a fait beaucoup de peine. De la peine parce que dans les mots de Maman j’ai compris beaucoup de choses, j’ai ressenti beaucoup de chagrin. Comme si la plaie était toujours ouverte et qu’elle n’avait jamais réussi à se fermer. Ce bébé leur manque, et le fait de ne pas en parler ne les a pas fait l’oublier…

 

Cet article a 8 commentaires

  1. armelle

    En lisant ton article j’en ai les larmes aux yeux, je peux comprendre la tristesse de tes parents mais aussi de ce manque que tu as en toi même si je ne sais pas ce que c’est d’être fille unique et pour rien au monde je n’échangerais mes frêres ! ! ! Je suis de tout coeur avec toi ! ! ! Et surtout ne culpabilise pas, tu ne pouvais pas savoir ! ! !
    Pleins de pensées à toi et tes parents ! ! !
    Bisous

  2. labonoccaz

    coucou, je suis très touchée et émue aussi, il ne faut pas que tu culpabilise car tu ne savais pas pour la perte de ce petit frère ou petite soeur, c’est bien çà qui est terrible dans les secrets de famille le non-dit car çà fait beaucoup de ravage psychologique même des années après, en fait je pense que si tu as ressenti tellement ce manque c’est que inconsciement quand tu étais petite tu avais senti ce petit bébé sans le savoir, je ne suis pas psychologue hein je te rassure mais il parait que tout petit on ressent inconsciemment certaines choses : quand ma soeur a attendu son 4 ème bébé, c’est son fils numéro 3 qui lui a fait comprendre çà peut parraitre fou mais c’est bien vrai, plusieurs jours d’affilé il venait voir ma soeur et lui montrait son ventre en disant bébé, il avait tout juste deux ans et au début çà nous faisait rire et quand ma soeur 2 semaine après cet évènement a fait un test il était positif. Après je comprends aussi la douleur de tes parents et le fait de ne pas avoir envie aussi d’en parler. Courage ma belle et pleins de bisous 😉

  3. lulu

    tu m’as émue aux larmes … je n’ai pas de mots.

  4. PetitDiable

    J’ai été fille unique pendan t11 ans e tje te comprends, même si au final j’ai plutot mal vécu l’arrivée de ma soeur.
    Ensuite j’ai fait plusieurs fausses couches même si ce n’était pas aussi tardif que pour ta maman, et c’est vrai que c’est une telle souffrance que je peux comprendre leur décision.

  5. C’est vraiment très émouvant… Merci d’avoir partagé cette histoire très personnelle…

    Je suis la dernière d’une fratrie de trois, j’ai deux grands frères plus âgés, mais vraiment plus grands, et je rêvais d’une petite soeur. J’ai moi aussi « harcelé » mes parents pour qu’ils m’offrent une petite soeur (ou un petit frère, j’ai fini par être moins exigeante). Jusqu’à ce que ma mère tombe enceinte et perde ses jumeaux. Je ne l’ai pas su sur le moment (je devais avoir 10 ans), je me souviens juste de ma mère clouée au lit qui avait des « grosses règles ».
    Je ne me souviens pas quand on me l’a dit, mais je me souviens en avoir parlé à ma mère, vers 20 ans, et lui avoir (enfin) avoué que je culpabilisais parce que j’avais demandé ces petits frères. Elle m’a dit (ce qui était vrai finalement) qu’on ne fait pas des bébés pour cadeau de Noël (sous-entendu que ça n’avait pas été ma faute), et j’en ai pleuré (cachée) tellement j’avais gardé cette culpabilité au fond de la gorge, une culpabilité d’enfant, qui n’avait probablement pas lieu d’être, mais qui m’avait suivie jusqu’à l’âge adulte.

    Ça met un peu la pression, ce genre d’histoire, parce qu’on ne sait pas ce qui peut être dur pour un enfant alors que ça nous a l’air soit mieux (dans ton cas), soit banal (dans le mien)…

    Bisous

  6. catie

    salut,je suis tres emue de cette histoiret merci de l avoir partager

  7. julia

    ton temoignage m a beaucoup touché
    mon histoire familiale est un peu similaire sauf que ma solitude est du non pas a une img mais a une ivg et j en veux tellement a mon père d avoir contraint ma mere a interrompre ses deux grossesses qui auraient permis la naissance de celui que je m imagine mon grand frere et l autre ma petite sœur
    j essaie d etre heureuse en leur mémoire, eux qui n auront pas eu la chance de naitre et vivre
    bien a toi

Laisser un commentaire

Comments links could be nofollow free.